Site pollué : cap ou pas cap de construire ?
La gestion d’un passif industriel est aujourd’hui une thématique centrale dans la prise en compte des évolutions foncières du territoire national. En plus de répondre aux objectifs de réduction de l’artificialisation des sols, ces « friches » font l’objet d’une attention particulière compte tenu de leurs implantations stratégiques et de leurs connexions urbaines.
Si leur localisation est un atout, il reste l’épineuse question de la gestion des pollutions et du double impact :
- Sur l’environnement
- Sur le budget des projets.
Au-delà des aspects financiers, la gestion des sites pollués requiert des connaissances en géologie, en chimie et géochimie, en hydrogéologie, en santé, en risques et en travaux. Le comportement des polluants dans les différents compartiments du sol, comme l’eau ou le gaz, met à rude épreuve les différentes interprétations et les solutions de gestion. Chaque site pollué est unique et sa gestion l’est tout autant.
Comprendre les sites pollués
Afin de connaître l’ampleur et la nature de la contamination, il est nécessaire de réaliser une étude historique, investiguant l’utilisation antérieure du lieu. Les terrains, ayant préalablement accueilli des activités industrielles intensives ou des infrastructures telles que des stations-service ou des zones de stockage de déchets, présentent souvent une charge polluante élevée. L’enquête historique s’avère essentielle pour tracer les origines de la contamination. La gestion d’un site pollué requiert la mise en place d’une stratégie de caractérisation sur la base d’une série d’études de données historiques (origine du site, cession/vente, modification des process…), de données de la qualité des sols, des eaux souterraines, des gaz du sol, des interactions entre les polluants, leur milieu et l’environnement, de données de dimensionnement des travaux à mettre en œuvre pour la réhabilitation du site et enfin des travaux. Toutes ces étapes sont aujourd’hui normées et font appel à une règlementation et une méthodologie sur la gestion des sites et sols pollués parfaitement maitrisées par les acteurs des Sites et Sols Pollués en France (SSP).
La compréhension d’un site pollué exige donc une pluridisciplinarité de compétences, d’acteurs mais aussi des investisseurs qui souhaitent relever le défi double de :
- Réduire les impacts de ces sites sur l’environnement ;
- Réduire la consommation de fonciers naturels, agricoles et forestiers pour les constructions futures.
Cette double vision rend aujourd’hui les friches et les sites anthropisés en général attractifs sur le marché de l’immobilier d’entreprise.
La France face à la règlementation et aux défis de la réhabilitation
La stratégie de construction sur les parcelles présentant une gestion de type SSP nécessite la mise en place d’une réflexion en amont lors de la préparation des propositions en réponse aux appels d’offres, voire dans la logique d’établissement et de rédaction des documents d’urbanisme.
La compréhension des données et les questions qu’elles soulèvent entraîne la mise en place de jalons et d’éléments de communication sur tous les projets de GSE. Un appui interne en SSP durant la phase commerciale permet de rassurer les différentes parties prenantes de chaque projet sur les niveaux de risques (planning, budgets, découvertes, etc.) et sur les solutions techniques adaptées à chaque enjeu. L’objectif est de réaliser des projets vertueux tout en garantissant les meilleurs niveaux de sécurité, de gestion et de coût.
Parallèlement, la règlementation et les méthodologies normées de travail autour des SSP permettent de garantir la qualité des conseils et des travaux fournis par les entreprises du monde des SSP avec une administration compétente.
La méthodologie nationale des SSP du 09 avril 2017 réunit l’ensemble des bonnes pratiques et les acteurs ayant la volonté de répondre au déficit foncier et de réduire l’artificialisation des sols. Aujourd’hui, la règlementation permet de qualifier l’ensemble des sujets environnementaux liés au passif d’un site : étude historique, diagnostic de sol et de nappe phréatique, mise en place d’un plan de gestion des pollutions et des risques associés aux pollutions résiduelles, plan de conception des travaux et réalisation de travaux. Ces étapes sont codifiées et permettent de rendre lisible les opérations réalisées, leurs pertinences par projet et les garanties associées.
Les propriétaires et les développeurs sont tenus de se conformer à ces exigences normatives, impliquant des protocoles obligatoires de diagnostic, de dépollution et de suivi écologique post-réhabilitation. Cette conjugaison d’expertise technique et de conformité réglementaire est essentielle pour assurer la renaissance sécuritaire et écologique des sites pollués.
Diagnostiquer, réhabiliter et repenser le futur des friches
Rendre compte des impacts humains sur l’environnement ou sur un site industriel nécessite la réalisation d’échantillonnages, de sondages, de modélisation et de rapports. Toutefois, au-delà de l’aspect numéraire des opérations, la réflexion sur l’utilisation future du site est essentielle dans le cadre des projets de réhabilitation. En plus des considérations financières des projets, la vision à long terme et la valorisation future du site occupent une position centrale dans la planification des efforts de réhabilitation. De manière très pragmatique, le niveau de réhabilitation d’un site ne sera pas le même entre un futur site industriel et une future crèche. La réhabilitation de ces sites ne se fait pas sans considération pour leur impact environnemental. De ce constat, le futur des friches doit s’inscrire dans une volonté de redonner une seconde vie au foncier avec la définition de l’usage futur pressenti, les commodités à proposer et le public visé. Tout ceci permet une appropriation du projet réhabilité localement en s’adaptant au besoin du territoire et des utilisateurs. L’objectif de la réhabilitation d’un site est avant tout de ne pas reproduire une friche (dans 5 ou 10 ans) et s’inscrire dans l’avenir urbain.
Et la technique dans tout ceci ?
A ce jour, en France, les entreprises des métiers des SSP disposent d’un panel de solutions techniques pour répondre aux exigences de planning, de coût et de risques environnementaux et humains.
Ces techniques sont classées en 3 catégories :
- Les techniques nommées hors site : elles représentent les solutions de gestion des pollutions « en dehors » du site via l’excavation des matériaux et leur évacuation du site. Par exemple :
– Excavation des sols
– Lavage hors site - Les techniques « on site » ou sur site : elles représentent les solutions de gestion des matériaux sur site après retrait du sol. On considère une première phase de gestion puis un traitement des impacts. Par exemple (en fonction des polluants) :
– Excavation des sols et tri granulométrique
– Excavation des sols et mise en tertre (biologique ou non)
– Compostage
– Désorption thermique - Les techniques « in situ » ou « dans le sol » : elles représentent les solutions de gestion des matériaux depuis la surface, sans mouvement de terre particulier. Ces solutions permettent de traiter plusieurs compartiments du sous-sol en même temps, avec par exemple (en fonction des polluants) :
– Ventilation de la zone non saturée (venting)
– Barbotage in situ (sparging)
– Oxydation/réduction chimique in situ
– Pompage-écrémage
Cette équipe pluridisciplinaire joue donc un rôle essentiel dans la garantie que la rectification des dommages causés par la pollution s’effectue tout en promouvant la durabilité environnementale.
Le binôme gagnant composé de notre écologue et notre expert en Sites et Sols Pollués (SSP) est essentielle ! Ils assument une responsabilité majeure dans l’évaluation de ces impacts environnementaux et dans l’élaboration de stratégies pour les atténuer. L’écologue met un point d’honneur à préserver la biodiversité locale spécifique aux friches (faune et flore), à orchestrer la gestion durable des espèces identifiées et à encourager la reconstitution des écosystèmes naturels avec une renaturation des sols historiques artificialisés. Cette dernière étape permet de proposer une gestion des matériaux contaminés (métaux lourds en particulier) sur site en mettant en place des solutions paysagères avec couvert végétal adapté, réduisant ainsi les impacts environnementaux, sanitaires et sur le bilan carbone du projet.
Cas pratique : Réhabilitation écologique d’un site industriel
Creil – les Marches de l’Oise.
Ce site, autrefois utilisé pour des activités industrielles, était fortement contaminé par des métaux lourds. La présence d’un PPRI (Plan de Prévention des Risques Inondation) à proximité du site a contraint le projet dans sa configuration. La stratégie retenue a consisté en la création de jardins de pluie végétalisé conformément aux recommandations du dossier Loi sur l’Eau tout en gérant 18 000 m3 de terres impactées aux métaux lourds. La création des jardins a permis la gestion des eaux de pluie à la parcelle tout en sécurisant les infiltrations au travers d’un sol réhabilité. L’ensemble de ces étapes et des opportunités de réhabilitation ont été proposés à notre client qui a validé ces opérations.
Un projet de construction sur un site pollué est un défi complexe nécessitant une expertise pluridisciplinaire et une approche rigoureuse. Malgré les difficultés, munis de méthodes de dépollution efficaces, d’une compréhension précise de la législation et d’un engagement envers la protection de l’environnement, il possible de transformer ces terrains dégradés en espaces prospères pour les utilisateurs. Forts de notre expérience, avec 30% de nos réalisations construites sur des friches industrielles, relever le défi de la construction sur un site contaminé est à notre portée. GSE, s’engage à vous accompagner dans votre quête de terrain et à vous guider jusqu’à la concrétisation de votre bâtiment : usines, entrepôts, bureaux, et toujours dans un esprit résolument écoresponsable.